Tabita Rezaire
Deep Down Tidal
à propos
Tabita Rezaire est l'infini incarné en agent de guérison. Ses pratiques multidimensionnelles envisagent une archéologie des réseaux de communication – organiques, électroniques et spirituelles – comme des technologies de guérison au service du passage de l’esprit à la conscience du cœur. Navigant à travers des architectures du pouvoir, elle explore des imaginaires scientifiques pour s'attaquer aux matrices coloniales envahissantes et aux protocoles de désalignements énergétiques, qui affectent les chants de nos corps-esprits. Le travail de Tabita Rezaire est enraciné dans des espaces-temps, où la technologie et la spiritualité se rencontrent en un terrain fertile, pour nourrir des visions de connexion et d’émancipation. Les interfaces des écrans, présentant sa cure numérique décoloniale, nous offrent des lectures substitutives aux récits dominants, tandis que ses offrandes collectives nous amènent à l'écoute de nos âmes.
Tabita Rezaire est une artiste française d'origine guyanaise et danoise basée à Cayenne, en Guyane française. Elle est titulaire d’une maîtrise de Recherche en cinéma expérimentale de l’université Central Saint Martins (Royaume-Uni). Rezaire est une membre fondatrice du collectif NTU ainsi que du duo d'artiste Malaxa. Elle a aussi fait naître la Maison SENEB, qui vise à exploiter le pouvoir de la vibration pour guérir nos blessures physiques, émotionnelles, technologiques, historiques et spirituelles. En 2017, elle a présenté sa première exposition personnelle Exotic Trade à la Goodman Gallery, Johannesburg. Tabita Rezaire a exposé son travail dans de nombreuses institutions internationales telles que : MoMa, New York; New Museum, New York; MMOMA, Moscou, National Gallery of Denmark, Copenhague; The Broad, Los Angeles; Tate Modern, Londres; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
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Deep Down Tidal explore les réseaux transocéaniques, en examinant les affects politiques, technologiques et spirituelles de l'eau, qui opère telle une interface de communication entre les mondes. Des câbles à fibres optiques aux villes englouties, aux corps noyés, aux histoires de navigation cachées, en passant par les transmissions de signaux sacrés, l'océan abrite un ensemble complexe de réseaux de communication. Alors que les technologies modernes de l'information et de la communication (TIC) deviennent omniprésentes au sein des modes de vie occidentaux, il est urgent de comprendre les forces politiques, culturelles, et environnementales qui les ont façonnées.
En examinant l’infrastructure des câbles à fibres optiques sous-marins qui transportent et transfèrent nos données numériques, il est frappant de constater qu’ils se superposent sur des routes de navigation coloniales. Une fois de plus, le fond de la mer devient l'interface d'un douloureux progrès, bien que célébré, masquant ainsi les actes violents de la modernité.
Deep Down Tidal navigue sur l'océan comme un cimetière de connaissances et de technologies Noirs. De l’Atlantide au Commerce triangulaire, aux réfugiés se noyant présentement dans la Méditerranée, les abysses de l’océan sont autant la source de souffrances, d’histoires et de souvenirs perdus, que de l’infrastructure mondiale de nos télécommunications. La violence de l’Internet – infligée à l'Afrique et plus généralement aux Noirs – réside-t-elle dans son architecture physique?
Les recherches suggèrent que l'eau a la capacité de mémoriser et de copier des informations, en les diffusant à travers ses flots. Quelles données la réserve d’eau mondiale retient-elle alors ? Au-delà des traumatismes, l'eau conserve une myriade de secrets bien gardés : son origine discutable, sa mystérieuse vie marine, ses divinités et esprits des eaux, sa théorie du primate aquatique... Deep Down Tidal étudie les complexes récits cosmologiques, spirituels, politiques et technologiques issus de l'eau en tant qu'interface pour comprendre l'héritage du colonialisme.